dimanche 28 septembre 2008

De l'enseignement

Comme d'habitude, voilà plus d'un mois que je n'ai pas blogué. Pas que j'en n'ai pas le temps, seulement, la préparation de cours et le stress de donner ceux-ci m'accaparent l'esprit. Néanmoins, comme c'est la deuxième fin de semaine que je passe complètement à éF-ts et que j'ai du temps à perdre (mes cours de philo 103 sont préparés jusqu'à la mi-session, il ne me reste qu'un cours d'éthique à faire, et, évidemment les petites préparations de dernière minute habituelles), je vais perdre quelques minutes de mon temps déjà perdu d'avance à faire quelques commentaires à propos de la profession d'enseignant au cégep.

Premièrement, pour comparer avec l'enseignement au secondaire, nous avons l'avantage de ne pas avoir à faire la police. Du peu que j'ai enseigné à nwotsmrO, et bien, j'ai passé mon temps à surveiller les étudiants et à m'assurer qu'ils ne faisaient pas de mauvais coups, de conneries, et etc. C'est avec soulagement que je réalise que les étudiants de cégep, s'ils ne sont pas tous motivés, sont conscient que le prof n'est pas là pour les contrôler ou jouer à la police.

Deuxièmement, les deux tiers de mon travail consistent à préparer mes classes. Comme j'en suis à ma première année, je dois dire que c'est là le plus stressant de la job. Pas que j'ai de la misère à présenter ou expliquer le contenu, mais je trouve difficile de bien synchroniser mon rythme d'enseignement avec la vitesse de compréhension des étudiants. Quand on comprend facilement quelque chose, on a l'impression qu'il n'y a presque rien à dire sur le sujet... cependant, les étudiants, eux, ne comprennent, a priori, pratiquement rien. Leur parler d'ontologie, d'épistémologie, d'anthropomorphisme, d'athéisme... ils n'ont même pas encore le vocabulaire nécessaire pour jouer avec les concepts qui s'y attachent. Il faut donc prendre le temps d'expliquer chaque élément le plus simplement possible. Et ils comprennent... sauf que comme cela a l'air très simple en surface (lorsqu'on l'explique aux débutants et qu'ils ne voient pas jusqu'où portent ces idées), ils ont l'impression d'avoir tout compris et assimilé, et ils l'ont déjà oublié le cours suivant... Bref, entre répétition, explication, élaboration, travail en classe et tout, il faut trouver le juste milieu qui leur permet d'apprendre. C'est là ce qui me fait travailler les méninges lorsque je prépare mes cours.

Troisièmement, il faut être exigeant. Comme les étudiants viennent du secondaire, une bonne partie d'entre eux sont habitués à pouvoir passer sans rien étudier. Si on les laisse dans un état aussi léthargique, ils n'arriveront jamais à s'ouvrir l'esprit. Si quelque uns d'entre eux ont un cerveau plus apte à l'abstraction par nature, beaucoup n'arrivent pas à saisir que des concepts abstraits peuvent avoir des implications très concrètes...

[J'en veux quelque peu au système d'éducation secondaire pour avoir tendance à niveler vers le bas pour permettre aux élèves de passer. Mais comme la majeure partie du travail consiste à s'assurer que les élèves agissent correctement en classe, je n'en veux pas aux enseignants de ne pas arriver à leur ouvrir le crâne sur l'importance de l'éducation. Le problème de l'éducation au secondaire (et peut-être primaire aussi) semble être plus fondamental que cela... comment ce fait-il que les élèves ne voient pas l'éducation comme un privilège mais comme une perte de temps? Sont-ce les parents qui dévaluent l'importance de l'apprentissage? Ou est-ce le système lui-même qui n'arrive pas à vendre ses qualités?]

Quatrièmement, et finalement, je dois dire que l'emploi lui-même n'est pas si stressant ou trop exigeant. Je suis à l'aise à enseigner, et je dois dire que le sentiment de contribuer à l'apprentissage et à la réussite de la jeunesse n'est pas négligeable.